Présentation
Je m’appelle Salomé Olry, j’ai 21 ans. Je suis actuellement en master 2 de Génie civil à l’Université de Lorraine. Quand j’ai fait mon Erasmus, j’étais en troisième année de licence Sciences pour l’ingénieur. À terme, j’aimerais travailler dans le BTP, peut-être me spécialiser dans l’urbanisme et l’aménagement du territoire. Le pilotage de projets me plaît particulièrement. »
Pourquoi partir en Erasmus ?
J’ai toujours aimé voyager et découvrir d’autres cultures. Au lycée, j’avais déjà fait deux échanges, notamment en Italie. Quand j’ai choisi ma formation, je savais qu’un départ en Erasmus était possible : c’était l’occasion de concilier un cursus technique – j’étais bonne en maths – et mon envie de partir à l’étranger pour rencontrer du monde.
Préparation du départ
Comme je tenais absolument à partir, j’ai commencé à me renseigner très tôt : dès septembre 2018, soit un an avant le départ prévu en septembre 2019. Les démarches administratives ont été assez lourdes. On m’avait déconseillé de partir en L3 (beaucoup recommandent plutôt le M1), mais je voulais absolument clôturer ma licence à l’étranger. J’ai donc tout fait pour que ça fonctionne.
Pour moi, la L3 était le bon moment : c’était la dernière année de licence, et repartir deux ans en master après m’a permis de me réacclimater plus facilement en France. Le retour est toujours un peu brutal – les cours sont plus techniques, le rythme change, la vie sociale aussi – et il faut au bon six mois pour se remettre dans le bain. »
Destination : la Pologne
Je suis partie à Poznań, en Pologne. Dans ma filière Génie civil, nous avions quatre destinations possibles : Allemagne, Espagne, Suède et Pologne. Je voulais absolument étudier en anglais, ce qui réduisait le choix à la Suède ou à la Pologne. La Suède étant très chère, le choix économique s’est vite imposé : en Pologne, le coût de la vie représente environ un quart de celui de la France. Avec 1 € = 4 złoty, on peut vraiment profiter pleinement quand on est étudiant.
La durée du séjour
En théorie, un an. En pratique, je suis restée de septembre 2019 à février 2020, puis je suis rentrée une semaine en France juste avant le premier confinement. J’ai passé le confinement chez mes parents, puis je suis repartie à Poznań fin avril pour les examens et pour revoir mes amis. Au total, j’y ai passé environ huit mois et demi, jusqu’à fin juillet 2020.
Pendant le confinement, l’université polonaise a été assez désorganisée : les cours ont repris seulement fin avril, et c’était surtout des projets à rendre à distance.
Le logement
J’ai trouvé une colocation de sept personnes en plein centre-ville (230 €/mois, chambre individuelle, cuisine et sanitaires communs). J’avais écarté les résidences universitaires où les chambres sont obligatoirement doubles. Vivre près du centre et de l’université était essentiel : sans voiture, les transports en commun deviennent vite compliqués si on habite trop loin.
Dans ma colocation, il y avait quatre Polonais, un Anglais, un Kazakh et moi. Dans le même immeuble, d’autres appartements étaient presque exclusivement occupés par des étudiants Erasmus.
Intégration
L’université organise une semaine d’accueil très complète avec l’association ISN (International Students Network). Au programme : chasse au trésor dans la ville, visites historiques, soirées… Tout est fait pour qu’on se rencontre rapidement. En Erasmus, la première question qu’on pose n’est jamais « Comment tu t’appelles ? » mais « Tu viens de quel pays ? ».
On avait aussi des cours de polonais obligatoires (4 h/semaine) pour apprendre les bases. En dehors des jeunes, les Polonais parlent peu l’anglais (plutôt le russe ou l’allemand, héritage de l’histoire). Les gens peuvent sembler froids au premier abord, mais ils sont en réalité chaleureux quand on apprend à les connaître. Cela dit, on passe surtout notre temps entre Erasmus : on venait d’Allemagne, d’Espagne, d’Italie, de Turquie, de Chine, du Brésil…
Les cours
Les étudiants Erasmus suivent des cours spécifiques, séparés des étudiants locaux. On était mélangés entre L3, M1 et M2, donc les programmes étaient allégés et accessibles à tous. Environ 10-12 heures de cours par semaine, concentrées entre 11 h et 15 h – un rythme étrange quand on est habitué à manger à midi !
J’ai choisi cinq ou six matières (6 ECTS chacune). Contrairement à la France, il n’y a qu’un seul contrôle ou projet par matière pour valider l’année. »
Les différences pédagogiques
La plus grande différence, c’est la méthode. En Pologne, on privilégie les projets concrets et l’apprentissage par la pratique. Par exemple, on nous envoyait observer le trafic en ville (voitures, vélos, piétons) pour ensuite proposer des aménagements. Très peu de calculs purs, beaucoup de recherches personnelles et de présentations orales. Les examens ressemblent parfois à un entretien : on prépare trois sujets chez soi, le professeur pose des questions et discute. C’est déstabilisant au début, mais on retient beaucoup mieux.
Ce que l’Erasmus m’a apporté
Une immense ouverture d’esprit. On se rend compte que ce qui nous semble « normal » (l’heure du petit-déjeuner, le goût du popcorn, le déroulé d’une vie…) ne l’est pas partout. J’ai gagné en autonomie – gérer une autre monnaie, ouvrir un compte bancaire dans une langue qu’on ne parle pas, etc. – et surtout, j’ai rencontré des gens extraordinaires qui font désormais partie de ma vie. On passe parfois 18 heures par jour ensemble, on devient une deuxième famille.
Et puis il y a tous les voyages : Berlin à 3 h de bus, Cracovie, Varsovie, Auschwitz, la République tchèque, la Suède… On décide souvent sur un coup de tête, en petit groupe de quatre à six.
Mes conseils aux futurs Erasmus
N’ayez pas peur de la langue. J’étais loin d’être bilingue en arrivant et pourtant ça s’est très bien passé. On progresse énormément sur place, bien plus qu’en regardant des séries. Google Traduction sauve les premiers jours, mais très vite on apprend à contourner les mots qu’on ne connaît pas.
Franchement, je trouve que l’Erasmus devrait presque être obligatoire. Même si partir seul dans un pays inconnu peut faire peur, on ne retire que du positif : des rencontres, de la maturité, des souvenirs pour la vie. Ceux qui hésitent ou qui n’y ont même pas pensé devraient se lancer. Vraiment.


